2015 – Le Souffle et la Trace
« Saveur de l’instant, lorsque le vrai et le beau ont consenti à laisser leur fugace et indélébile empreinte »
François Cheng
Intitulé « Le Souffle et la Trace », créé en 2015 et présentée au Bourget-du-Lac, ma première fresque visait à nous emporter au cœur de la spiritualité chinoise sans pour autant en adopter les codes graphiques. Guidé par quelques textes poétiques tirés de la pensée taoïste et confucéenne, le visiteur était invité à contempler une dizaine de diptyques et triptyques dans un ordre déterminé. Les encres sur toile alternaient avec les huiles en parfaite harmonie, dans un même souffle, pour illustrer ce grand récit de la Vie qui commence par le Chaos originel d’où jaillit la Vie issue de l’eau, pour aboutir à l’Homme en marche. L’alternance de silhouettes immergées dans un souffle cinétique, en traces contrastées pour les huiles et des halos couleur turquoise, nuancés et constellés, pour les encres, relève du même élan, de la même inspiration spirituelle. Jusqu’à 2014, j’étais attachée à des représentations plutôt figuratives. Aussi, cette fresque traduit-elle un tournant majeur, une vraie transition dans ma carrière.
« Le Souffle primordial se dégageant du chaos sert à évoquer l’un des états initiaux de l’univers, lorsque ce souffle a commencé à se dégager du Chaos originel. Moment bouleversant, décisif, car toute la promesse de l’aventure de la vie, issue de l’eau, était déjà contenue là. » D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng
« Entre source et nuage demeure cet espace intermédiaire où vivent les hommes, où se joue leur destin. Conscients de leur condition de mortels, ils sont aux prises avec le drame du temps irréversible. Dans presque toutes les cultures, le fleuve qui suit son cours symbolise le temps qui s’écoule sans retour. Les eaux du fleuve paraissent s’en aller mais en réalité, au fur et à mesure de leur écoulement, certaines eaux s’évaporent vers la hauteur, se transformant en nuages et plus tard retombent en pluie pour réalimenter le fleuve à sa source. Entre terre et ciel s’établit alors cette miraculeuse circulation qui assure la marche réelle de la Vie. Il en va de même pour ce qui est du temps. » D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng
Montagne et Eau, Voilà rassemblées les deux grandes entités terrestres, duales et complémentaires, la montagne incarnant le principe Yang et l’eau le principe Yin. Sans relief et dénivelé, l’eau ne pourrait pas s’écouler, sans l’eau qui la nourrit, la montagne s’assècherait. La montagne et l’eau sont viscéralement liées. D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng
« L’artiste qui fait naître une présence d’encre est inséparable de celui qui médite devant elle … » François Cheng
« N’ayez jamais peur de la vie, n’ayez jamais peur de l’aventure, faites confiance au hasard, à la chance, à la destinée. Partez, allez conquérir d’autres espaces, d’autres espérances. Le reste vous sera donné en surcroît. » Henry de Monfreid
« L’infini n’est autre que le va-et-vient entre ce qui s’offre et ce qui se cherche. Va-et-vient sans fin entre arbre et oiseau, entre source et nuage. Si chacun de nous est habité par la conscience de la finitude, nous devons savoir que ce qui ne cesse de jaillir entre nous, s’il va dans le sens de la vraie Vie, est l’infini même. » D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng
« Marcher – Voie, Avec ces deux mots nous trouvons la notion fondamentale de la pensée chinoise : cette gigantesque marche en avant de la Vie qu’est la Voie. Doués d’esprit, nous sommes sans cesse en devenir : c’est bien notre marche qui trace la Voie. » D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng
« Son oreiller, une pierre ramassée dans le ruisseau. L’eau du puits rejoint l’étang sous les bambous. Voyageur de passage, sans sommeil, à minuit, Seul, il entend l’arrivée de la pluie de montagne. » Jia Dao
« Tracer une voie. La Voie se cherche dans l’obscurité, toujours en avant de soi. C’est dans la nuit que l’éclair se manifeste, que l’on peut éprouver l’ivresse de la source de la lumière et l’envie d’aller vers elle. Chacun de nous avance ainsi dans sa nuit, basculant à chaque pas dans l’instant suivant ; c’est le chemin de la Voie, notre manière de tracer un sillon fécond. » D’après « Et le Souffle devient Signe » de François Cheng